vendredi 16 juillet 2010

Haïku

taches de soleil
feuilles tremblantes dans l’air
le zzim d’une abeille

mardi 13 juillet 2010

Sur les haïkus

Je voudrais écrire quelques mots sur les haïkus. Je me suis penché assez récemment sur les contraintes qui régissent le genre : concision, expression diffuse, perception de l’essence du moment.

La concision est bien connue et on s’arrête souvent à ça. Cependant, les autres dimensions sont essentielles aussi.

La retenue dans l’expression, la légèreté des mots, c’est pour faire en sorte qu’on regarde la lune et pas le doigt qui la montre.

En effet, l’essentiel est dans le contenu. Pas de scoop jusqu’ici mais quand on se penche un peu sur le genre, on se rend compte qu’il s’agit de rendre l’essence et l’évanescence du moment. Soit dit en passant, cette contradiction, essence/évanescence, n’est qu’apparente : par définition, l’essence du moment est d’être évanescent.

Touche-t-on le fond ?

Qu’est-ce que ça donne concrètement, de rendre l’essence et l’évanescence du moment ? Dans mon expérience personnelle, ça implique un mouvement de concentration très intense, de fixation sur une impression, ou plutôt un ressenti, pour le percevoir totalement. Soit dit en passant, ce ressenti peut être lié à une situation réelle ou fictive. De ce fait, je pense que l’objet du haïku n’est pas le moment lui-même mais un ressenti à un moment donné. Le haïku n’est pas un coup de microscope sur une situation mais sur une perception, voire un état psychique.

Autrement dit, le haïku ne porte pas sur un objet extérieur à celui qui écrit mais consiste avant tout à exprimer un état intérieur. De ce point de vue, l’apparente neutralité du haïku est un peu trompeuse. Cependant, c’est un point de vue personnel ; je pense qu’on peut aussi vivre l’expérience du haïku comme un contact avec quelque chose de transcendant, donc d’extérieur à celui qui écrit.

Mais si le haïku (réussi) n’est pas une expérience d’accès au transcendant, d’où vient cette impression de réalisation totale ? Du fait d’être parvenu à exprimer complètement, pour une fois, ce qu’on a dans le ventre ? D’un sentiment intense d’harmonie intérieure ? D’un état de conscience modifié ? Probablement. En tout cas, c’est troublant quand on essaie de garder les pieds sur terre.

Leçons

Quoi qu’il en soit, j’en tire quelques remarques : d’abord, pour tenter d’exprimer complètement quelque chose, mieux vaut s’attaquer à une toute petite chose, pas un kaléidoscope de sentiments et de situations. D’une certaine manière, ça impose d’arrêter le temps, ce qui est sans doute à l’origine de l’impression un peu irréelle qu’on peut ressentir devant un haïku. Cependant, il faut quand même rendre la vie de ce dont on parle. Ça serait alors comme une bonne photo : le support matériel est fixe mais il y a quelque chose qui rayonne.

En effet, il ne s’agit pas de capturer le ressenti, il s’agit de le rendre. Ce mot « rendre » (certains disent aussi « pointer vers ») est le plus adapté parce qu’il porte l’idée d’une appréhension suivie d’un don, d’un mouvement vers quelqu’un d’autre. Or il s’agit bien de ça : accéder à quelque chose en soi et en tirer une gemme qu’on rapporte à la lumière, pour les yeux de tous.

De ce point de vue, le haïku évoque une capsule : très ramassé, avec uniquement l’essentiel, mais aussi avec un réel rayonnement. De fait, il me semble que le haïku ne doit pas dire les choses mais qu’il doit se faire le messager de quelque chose qui irradie de lui-même. Quant à dire ce qu’est ce quelque chose, je n’en suis pas encore là…

Enfin, sur un plan beaucoup plus pratique, le haïku est la preuve qu’on ne peut pas séparer le fond de la forme mais aussi que la forme peut donner lieu à de l’expression nouvelle. De ce point de vue, le haïku donne raison à l’Ouvroir de littérature potentielle, qui postule que la contrainte fait prendre chair à de la littérature qui, sans cette contrainte, ne serait pas sortie et serait restée à l’état potentiel. (cf. lien dans la colonne de droite sur l’Oulipo).




Bon ok, c’était un billet un peu prise de tête mais ce sont des choses difficiles à exprimer.

Donc pour finir sur quelque chose de plus digeste, voici un haïku classique :


Sur la cloche du temple
S'est posé un papillon
Qui dort tranquille.


Et plus rigolo :


L’arracheur de navets
montre le chemin
avec un navet



Un dernier mot pour la route : l’approche du haïku que j'évoque ici est celle de Roger Munier, auteur d’une anthologie de haïkus aux Editions Points. D’autres ont une approche beaucoup plus légère de la chose, approche qui est aussi séduisante.

Il y a également l’inévitable Wikipedia et quelques haïkus classiques.

samedi 3 juillet 2010

Haïku

la fenêtre ouverte
les sifflets des martinets
entrent dans la pièce