dimanche 7 février 2010

Vénus tétrapyre 2

Je continue à réfléchir à ce jeu de Bayonetta. Une chose assez originale là-dedans est le rôle des cheveux : Bayonetta porte une combinaison de cuir qui – astuce ! – est en fait constituée de sa chevelure, dont elle fait ce qu’elle veut.

De fait, elle s’en sert surtout pour effectuer des coups spéciaux : elle la modelant en poing et en pied géants ou en monstres divers afin de laminer l’adversaire. Bien entendu, ça donne lieu à toutes sortes de déshabillés, puisque ses cheveux ne peuvent pas à la fois la vêtir et concasser des titans. Au risque de faire de la psychologie de comptoir, il est intéressant de constater qu’une des armes les plus puissantes de Bayonnetta, c’est sa chevelure. Or il s’agit d’un moyen de séduction bien connu, avec un caractère d’animalité marqué. Concomitamment, on peut dire que c’est quand elle est nue qu’elle est la plus efficace.

Le parallèle entre séduction et tuerie est donc permanent ; en miroir, du côté des victimes, de caractère plutôt masculin, on trouve le parallèle entre beauté et danger. Faut-il le comprendre comme une revanche de la femme ou comme un propos sexiste ? De manière prosaïque, il me semble qu’il s’agit pour l’entreprise qui produit le jeu d’accrocher le joueur (toujours un homme pour ces jeux-là) de deux façons : en lui présentant une femme irrésistible et outrageusement séductrice, qui lui fournit par ailleurs une puissance de destruction spectaculaire.

Maintenant, pourquoi un homme se plaît-il à jouer un personnage ultra-féminin ? S’agit-il de réaliser un fantasme inconscient en se glissant dans la peau d’une femme idéale ou s’agit-il du plaisir de la commander, de faire d’une telle femme sa créature ? En effet, le joueur maîtrise presque tous les mouvements du personnage, c’est l’objet même de ce type de jeu. Ou s’agit-il simplement de se rincer l’œil tout en laissant libre cours à des envies de destruction ? Un peu des trois, je dirais, à différents niveaux de conscience.

Dernière remarque : le jeu reprend une inversion désormais classique dans les jeux vidéo où on incarne un « méchant » (une sorcière) qui doit exterminer des « gentils » (les anges). Cependant, c’est fait de telle sorte qu’on a beaucoup plus envie d’être du côté de la méchante que de celui des gentils : elle est séduisante et ils sont monstrueux.

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