mercredi 3 février 2010

Vénus tétrapyre

Pour faire suite au poème sur Bayonetta, je veux souligner ici quelques aspects du jeu qui m’ont fait réfléchir. Tout d’abord, présentation en deux mots : Bayonetta est une sorcière, héroïne d’un jeu de baston sur Playstation 3 et XBox 360, de conception japonaise. Tout en finesse, il s’agit de dégommer des ennemis en grand nombre, grâce à des techniques d’arts martiaux et des armes diverses.

Pourquoi en parler ici ? C’est qu’il s’agit d’un objet somme toute intrigant, dont plusieurs détails m’ont frappé.

Tout d’abord le caractère excessivement sexuel du personnage, qui saute aux yeux : Bayonetta est une bombe. Les concepteurs du jeu ont joué cette carte, là encore, tout en finesse, puisque la demoiselle se déhanche à se coller des hernies et passe son temps une sucette à la bouche. Bon, jusque là, rien de bien nouveau, Lara Croft était déjà sur cette veine il y a dix ans.

C’est aussi le cas concernant les proportions de Bayonnetta. On connaissait les proportions impossibles de Barbie, on est là dans le même ordre d’idées. Les jambes notamment du personnage sont démesurées. Ce qui est drôle, c’est qu’elle a une très petite tête. N’en tirons pas de conclusions hâtives sur les goûts des joueurs auxquels le produit s’adresse… En tout cas, ça contribue à lui donner un air étrange, presque monstrueux.

Cela dit, les joueurs ne sont pas complètement dupes du versant sexuel : sur les forums, ils soulignent ce point mais passent très vite à des considérations techniques sur la jouabilité etc.

Plus spécial, l’esthétique. Je trouve très réussi ce genre néo-gothique féérique très exubérant : les décors comme le personnage de Bayonetta parlent vraiment à l’imagination. Elle a une coiffure un peu bizarre, qui fait penser aux Espagnoles du siècle dernier. Et surtout, elle a des lunettes. Alors ça, ça m’a scié. Une égérie sexuelle, clairement un fantasme digital, avec des lunettes !

Donc j’ai fait une recherche sur Internet pour voir un peu la réaction des gens. Les joueurs, manifestement, s’en foutent un peu. En revanche, j’ai vu sur certains blogs consacrés à la mode que Bayonetta avait parfaitement flairé la tendance et s’était équipée de l’accessoire indispensable de la saison. Me voilà donc renvoyé à ma ringarditude stylistique. Soit dit en passant, ses lunettes doivent être soudées à sa boîte crânienne, je ne vois pas sinon comment elle pourrait faire sa petite gymnastique sans les faire valser.

J’ai aussi été frappé (oui) par certains coups spéciaux et accessoires de Bayonnetta : les pistolets dans les talons, les invocations pharaoniques à base de cheveux démoniaques, tout ça contribue à mettre en forme un univers très attrayant pour l’œil, même s’il est visiblement un peu stérile à la longue. Mais, que diable, nous sommes dans un jeu vidéo tout de même.


Autre point frappant : le nom. « Bayonetta » évoque un mélange de violence sanglante, de baby-doll et, peut-être aussi, de France, ou d’histoire. Je ne me rends pas très bien compte de la connotation du mot en anglais. En tout cas, c’est magnifiquement trouvé et ça colle parfaitement au personnage. A propos de linguistique, dans les vidéos en anglais que j’ai vues, Bayonetta parle avec un accent… anglais. Non, ça n’est pas une évidence car les accents sont plutôt américains dans les jeux vidéo. Mais il semble que les concepteurs aient voulu donner une teinte un peu historique, voire antique, au personnage, sans doute pour renforcer son côté venu du fond des temps.

Enfin, dernier point, c’est cette vidéo. Il y a un type, peut-être au Japon vu son pseudo, qui a fait tout le jeu sans pratiquement prendre un seul coup. Je n’ose imaginer le temps qu’il y a passé. Voulant faire profiter l’humanité de ses exploits, il a tout filmé et tout mis sur Internet. Voilà un système qui m’échappe.

Pour conclure, cette découverte a été pour moi un carambolage avec un univers passablement étrange, que je décrirai comme cupide-kitsch-sexy-autiste, mais comportant des aspects fascinants. Le soin avec lequel le personnage est construit, dans un but de séduction aussi brutale que ses combats, est frappant. Derrière les apparences raffinées, on nage dans l’animalité brute. A tel point que ça m’a fait venir un poème.

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