mardi 24 mars 2009

Fleurs des champs opératoires

Une certaine lassitude m’a pris, après quelques mois passés à écrire sur l’environnement et les sciences et technologies. Je referme donc pour le moment ce premier volet, pour en ouvrir un second plus ludique et littéraire. En effet, un cas de force majeur a fait irruption dans mon quotidien et je me vois cloué chez moi pour un mois. En vue de faire le meilleur usage de cette assignation à résidence, j’entends me livrer à un petit jeu d’écriture.

Oulipo

Cet acronyme approximatif (1), recouvre l’Ouvroir de littérature potentielle. Il s’agit d’un mouvement littéraire de la fin du XXe siècle, dont l’objet est de donner naissance à des œuvres littéraires qui n’auraient pas existé sans l’existence de conditions spécifiques. Les conditions en question sont des contraintes d’écriture. L’idée est celle de la muse fouettée, qui comme dans les films X allemands, donne le meilleur d’elle-même quand elle est sous contrainte. Des détracteurs du mouvement pourrait le qualifier de maïeutique tératologique, ce qui peut être vrai dans certains cas.

Les représentants les plus connus de l’Oulipo sont Raymond Queneau (Exercices de style) et Georges Pérec (La disparition). C’est La disparition qui fournit l’exemple le plus simple et le plus spectaculaire d’application de l’oulipo : le livre est écrit sans utiliser la lettre E, qui est pourtant la plus fréquente en français. Cela transforme des vocables de second rang, voire franchement osbcurs, en mots usuels, donnant un style un peu grumeleux mais, à la longue, compréhensible et cohérent. Cerise sur le gâteau, le livre est une mise en abîme, puisqu’il traite lui-même de la disparition du E.

Tout ceci peut paraître bien tordu mais finalement pas plus que d’écrire des alexandrins, des pièces en trois actes ou des chansons avec refrain et couplets.

Application

La contrainte que je me fixe ici est assez simple. Elle se situe sur deux plans :
- fréquence : un texte par jour. L’idée est d’obtenir en fin de parcours un ensemble d’une trentaine de textes.
- contenu : il faut passer par quatre balises. Chaque jour deux mots sont désignés : je prends au hasard deux pages du dictionnaire et choisis sur chaque page le premier mot qui me chatouille la plume. Chaque texte inclut les deux balises du jour et reprend les deux balises du jour précédent.

En revanche, il n’y a pas de contrainte sur le style : le texte peut être poétique, imaginatif, satirique, c’est le stylo qui décidera chaque jour. Il n’y a pas non plus de contrainte sur la longueur du texte, ni sur la langue, ni sur la couleur des caractères, ni ni ni…

Je n’exclus pas de modifier ce cadre en cours de route s'il s'avère trop strict ou trop lâche. Eh oui, on n’est jamais à l’abri d’un coup de moins bien.

Ajout du 28 mars :
Il peut arriver qu'il y ait deux textes pour un même chariot de balises, comme c'est le cas le 28 mars. Parfois on est en veine.





Pour plus d'informations sur l'Oulipo :
- le site officiel de l'Oulipo
- l'article de Wikipedia





(1) J’en profite pour énoncer ici formellement le concept d’« acroximatif », mot-valise issu de la fusion d’« acronyme » et « approximatif ». Ce terme devrait être d’une rare utilité dans notre culture française post-moderne, qui recuit sa passion des acronymes à la sauce marketing, en vue d’obtenir des acronymes prononçables.

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