vendredi 23 janvier 2009

Humeur de H

Non, il ne s’agit pas d’une tirade échevelée pour des substances interdites, pour laquelle les autorités seraient bien fondées à me poursuivre, non, je veux faire là une déclaration à une particule de mystère qui peuple notre langue, dans une discrétion qui l’honore.

Parlons du H

Sans être la lettre la plus fréquente de notre alphabet, le H est omniprésent. En initiale, il nous jette dans les arcanes abscons des règles capricieuses de l’aspiration. Aspiration elle-même trompeuse, puisque ce nom destiné à désigner une réalité recouvre en fait une absence : l’absence de liaison. Le H prétendument aspiré du hibou n’est qu’un hiatus tronqueur.

En position moyenne, le H se conjugue à d’autres consonnes pour faire venir à nous l’éclat moiré des idées grecques, philosophie, théocratie, périhélie, anthropophagie. De fait, grand voyageur, il vient au français comme une pépite dans des malles étrangères : sandwich, Chianti, huis, cacahuète, shampooing, Shanghai, hara-kiri et bien sûr l’ineffable varech. Mais sa fourberie le conduit aussi dans des mots pêchés dans notre inventaire le plus enraciné, comme en témoigne l’histoire de l’homme, du cheval, du chien et du chat perché.

Polymorphe et cosmopolite, source de mille ambiguïtés, réhabilitons cette empreinte de spectre exotique, qu’on pressent au détour de chaque phrase.

Résumons-nous

Hiatus hautement honorable,
Hérault d’une phonétique théorique,
Hante nos phrases de son halo hâve.
Humons encore ce nénuphar éthéré,
Méphisto charmeur,
Sphaigne de phantasmes.

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